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Nord-Kivu : les enseignants de plusieurs territoires privés de salaire depuis quatre mois

Les enseignants de Rutshuru, Masisi, Goma et Nyiragongo, dans la province du Nord-Kivu, accusent quatre mois sans salaire. La situation, liée à l’insécurité persistante dans la région, affecte gravement le fonctionnement des écoles et les conditions de vie des familles.

Selon Aimé Mbusa Mukanda, notable et défenseur des droits humains à Rutshuru, ce retard de paiement concerne principalement les enseignants des écoles publiques autrefois rémunérés par CARITAS Goma ou par les banques commerciales. « Nous totalisons déjà quatre mois sans salaire. C’est une véritable crise humanitaire pour nos familles », déclare-t-il.

La progression des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise (RDF), a entraîné la fermeture de plusieurs centres urbains, notamment Goma et Bukavu. Toutes les institutions bancaires y sont restées inaccessibles depuis plusieurs mois, bloquant ainsi les opérations de paiement dans les zones sous occupation, dont Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et une partie de Walikale.

Dans plusieurs localités, les écoles ont suspendu leurs activités bien avant les congés de Pâques, faute de moyens pour rémunérer le personnel enseignant. Les écoles privées, quant à elles, font face à une chute drastique des recettes, les parents étant de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir s’acquitter des frais de scolarité.

La situation est aggravée par la fermeture des aéroports de Goma et de Kavumu ainsi que l’arrêt des activités de nombreuses coopératives financières. Cette paralysie n’affecte pas seulement les enseignants, mais touche également l’ensemble des agents de l’État dans ces territoires.

Face à ce blocage, les enseignants réclament la mise en place urgente d’un système de paiement via Mobile Money, notamment M-Pesa, Airtel Money ou Orange Money, pour permettre une reprise rapide des paiements dans les zones enclavées. « Ce mode de paiement est simple, rapide et adapté au contexte actuel », affirme Aimé Mbusa.

Par ailleurs, l’organisation des examens d’État s’annonce particulièrement compliquée. De nombreux élèves risquent d’être exclus, faute de moyens pour régler les frais de participation.

Les enseignants et les acteurs locaux interpellent le gouvernement central pour qu’il apporte une réponse rapide à cette crise, tant sur le plan sécuritaire que social, afin de permettre un retour à la normalité dans les secteurs de l’éducation et de la vie publique.

Justin Mupanya

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