L'information est notre priorité

RDC/Beni : La société civile dénonce les défaillances de l’état de siège et prend position sur le projet de révision constitutionnelle

La coordination urbaine de la société civile de Beni, dans le Nord-Kivu, a tiré la sonnette d’alarme ce samedi 18 janvier, à l’occasion d’une conférence de presse. Me Pépin Kavotha, président de cette structure, a présenté un bilan accablant de l’état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Alors que cette mesure exceptionnelle est à sa plus de 85ᵉ prorogation, les conséquences sur le terrain suscitent de vives inquiétudes.

Dans son exposé, Me Pépin Kavotha a dénoncé l’inefficacité de l’état de siège, qui, selon lui, a exacerbé les souffrances des populations locales. « Les tueries de civils par les groupes armés, notamment les ADF, se sont intensifiées, tout comme l’abandon des habitants de certaines zones », a-t-il affirmé. Par ailleurs, la résurgence des M23, soutenus par le Rwanda selon ses propos, constitue une menace supplémentaire pour la stabilité de la région.

La coordination urbaine de la société civile, appelle ainsi le chef de l’État congolais à lever l’état de siège, arguant qu’il a montré ses limites malgré plusieurs évaluations, notamment lors de la table ronde de juin 2023. «Tous les responsables devraient être redéployés au front pour lutter efficacement contre les ADF et le M23», plaide Pépin Kavotha.

Révision constitutionnelle : la société civile rappelle les limites légales

La conférence de presse a également été l’occasion pour la coordination urbaine de la société civile de Beni de se positionner sur les débats autour d’une éventuelle révision de la Constitution congolaise du 18 février 2005. Elle a rappelé que cette révision est strictement encadrée par les articles 218, 219 et 220 de la Constitution.

Selon l’article 219, aucune révision ne peut être opérée durant une période marquée par l’état de siège ou d’urgence, ni dans des circonstances limitant la libre réunion des institutions parlementaires. De plus, l’article 220 interdit toute modification touchant à des principes fondamentaux tels que le suffrage universel, la forme républicaine de l’État, ou encore le pluralisme politique et syndical.

Pour la société civile, toute tentative de révision en dehors de ces cadres serait non seulement illégale, mais également préjudiciable à la stabilité du pays.

Face à la montée des tensions sécuritaires et aux défis institutionnels, la société civile de Beni enjoint les dirigeants congolais à privilégier des solutions adaptées et respectueuses de l’État de droit. «La levée de l’état de siège et la mobilisation effective des forces armées contre les groupes rebelles sont des priorités absolues», conclut Me Kavotha. Cette prise de position reflète l’urgence d’une action concertée pour ramener la paix dans une région marquée par des décennies de conflits.

Justin Mupanya, depuis Beni

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *