
Le sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Dar es Salaam a été marqué par des prises de position fermes sur la crise persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’escalade des violences et aux menaces sur la stabilité régionale, les chefs d’État africains ont été appelés à privilégier des solutions africaines aux problèmes du continent.
« L’histoire nous jugera durement si nous ne faisons rien », a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan dans son discours d’ouverture. Insistant sur l’urgence de la situation, elle a exhorté ses homologues à dépasser les rivalités et à agir de manière concertée pour restaurer la paix en RDC.
Le président kényan et président en exercice de l’EAC, William Ruto, a reconnu la complexité du conflit congolais mais s’est voulu optimiste : « La situation de la RDC est complexe, mais elle peut être résolue et elle doit être résolue. Ce sommet doit jeter les bases d’un avenir meilleur. »
Une réunion sous haute tension
L’atmosphère du sommet a été marquée par un moment de tension notable lorsque le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a été prié de quitter une session à huis clos. Cet incident illustre les divergences de vues sur le rôle de l’UA dans la gestion du conflit congolais et les frictions entre les différentes organisations régionales.
Le président ougandais Yoweri Museveni a, pour sa part, plaidé pour une approche directe entre les parties en conflit : « J’avais proposé que S.E. Tshisekedi s’adresse directement à ceux qui sont en conflit avec lui, car cela nous concerne tous. Il n’existe pas d’autre forum plus adapté pour aborder cette question que ce sommet. J’espère donc que les discussions seront fructueuses. »
Des négociations stratégiques à huis clos
Après la cérémonie d’ouverture, les dirigeants ont entamé des discussions à huis clos dans un format restreint (1 + 5), destiné à approfondir les délibérations sur les solutions possibles. Ce cadre stratégique, bien que confidentiel, laisse entrevoir des décisions de grande portée sur l’avenir de l’intervention régionale en RDC.
Les questions cruciales abordées incluent :
La prolongation ou la redéfinition du mandat des forces de l’EAC en RDC, alors que leur présence suscite des interrogations.
L’éventualité d’un déploiement renforcé des forces de la SADC en soutien au gouvernement congolais.
La coordination entre les initiatives de paix existantes pour éviter une fragmentation des efforts diplomatiques et militaires.
Quelle suite pour le sommet ?
À l’issue de ces délibérations, une déclaration conjointe devrait être publiée, détaillant les engagements des États membres. Toutefois, l’efficacité de ces résolutions dépendra de leur mise en œuvre concrète sur le terrain.
L’un des enjeux majeurs reste la cohésion entre l’EAC et la SADC, qui doivent éviter les chevauchements d’initiatives et s’assurer que toute intervention militaire ou diplomatique bénéficie d’un soutien unanime.
Alors que la RDC continue de faire face à une insécurité persistante, la pression est forte sur les dirigeants africains pour qu’ils apportent des solutions tangibles. Comme l’a averti la présidente Suluhu Hassan, l’inaction pourrait condamner l’Afrique à un jugement sévère de l’histoire.
En attendant la clôture officielle du sommet, la question centrale demeure : les engagements pris à Dar es Salaam seront-ils suivis d’actes concrets sur le terrain ? Wait and see disent les anglais !
Justin Mupanya, depuis Beni