Dans un geste audacieux, le président Félix Tshisekedi a dévoilé une réforme salariale ambitieuse visant à corriger les inégalités profondes qui gangrènent la fonction publique en République démocratique du Congo.
Devant un parterre de membres du gouvernement réunis au Centre culturel et artistique des pays d’Afrique centrale, le chef de l’État a dénoncé les disparités criantes entre ministères, affirmant qu’il est temps de « rétablir la justice sociale et de mettre fin à la loi des puissants ».
Au cœur de cette réforme, une grille salariale harmonisée et transparente, conçue pour garantir l’équité entre les fonctionnaires. Cette initiative vise à éliminer les privilèges injustifiés et à instaurer une rémunération basée sur les compétences, l’ancienneté et les responsabilités. « Nous devons bâtir une administration où chaque fonctionnaire se sent valorisé et motivé », a déclaré Tshisekedi.
Conscient des contraintes budgétaires, le président a insisté sur une approche réaliste et rigoureuse. Un mécanisme d’évaluation continue sera mis en place pour assurer la viabilité de cette réforme. Le vice-Premier ministre Jean-Pierre Lihau a annoncé un vaste contrôle des agents publics, destiné à rationaliser les dépenses et à financer les augmentations salariales. « L’argent nécessaire viendra de cette opération », a-t-il assuré.
Fidèle Kiyangi, président de l’Intersyndical national, a qualifié cette réforme de « première depuis l’indépendance », soulignant son potentiel à transformer la fonction publique congolaise. Les syndicats voient en cette initiative une avancée majeure pour les travailleurs, longtemps marginalisés.
Cette réforme intervient dans un climat politique et social tendu, marqué par l’insécurité persistante à l’Est du pays. Tshisekedi a souligné que cette refonte salariale est une bataille parallèle à celle menée pour la sécurité nationale. « Tandis que l’Est combat pour sa sécurité, nous menons ici une autre bataille — celle de la justice sociale », a-t-il déclaré.
Coordonnée par la Première ministre Judith Suminwa, cette réforme mobilise les ministères de la Fonction publique, du Budget, des Finances et la Présidence. Elle s’inscrit dans une volonté de modernisation et de professionnalisation de l’administration congolaise.
Si cette réforme est saluée comme un pas vers un Congo plus juste, elle soulève également des interrogations sur sa mise en œuvre. Les observateurs politiques mettent en garde contre les résistances potentielles au sein de l’appareil d’État, où les privilèges sont profondément enracinés. L’opposition, par la voix de Delly Sesanga, critique déjà une « opération de communication » sans garanties concrètes.
En lançant cette réforme, Félix Tshisekedi joue son va-tout pour redéfinir les bases de la gouvernance en RDC. Reste à voir si cette initiative pourra surmonter les obstacles et devenir un modèle de justice sociale et de cohésion nationale.
Justin Mupanya