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Ituri : Cinq soldats FARDC grièvement blessés évacués de Gina à Bunia grâce à la MONUSCO

Cinq militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), grièvement blessés lors d’intenses affrontements avec des miliciens du groupe Zaïre, ont été évacués d’urgence de Gina à Bunia dans la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 juin, grâce à une opération coordonnée par les casques bleus népalais et bangladais de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).

Les combats se sont produits aux abords du village de Mulabo, dans le territoire de Djugu, à environ 40 kilomètres de Bunia. Selon des sources militaires et onusiennes, une unité des FARDC qui menait une mission de reconnaissance et de sécurisation dans la zone a été prise pour cible par des éléments armés du groupe Zaïre, déclenchant un violent échange de tirs ayant duré plus d’une heure.

Le bilan provisoire communiqué par les FARDC fait état de cinq soldats blessés et quatre miliciens neutralisés. Plusieurs armes ont également été récupérées sur le lieu des affrontements, selon des sources proches de l’armée.

Dans une situation rendue critique par l’éloignement du lieu des combats et l’état grave de certains blessés, la MONUSCO a mobilisé un convoi blindé pour assurer leur évacuation vers Bunia. « Les conditions sécuritaires difficiles, notamment la menace persistante d’embuscades, ont exigé une coordination minutieuse avec les FARDC pour garantir la réussite de cette opération médicale », a précisé un officier de la MONUSCO sous couvert d’anonymat.

Les blessés sont actuellement pris en charge à l’hôpital général de Bunia, où ils reçoivent des soins spécialisés. L’un d’entre eux aurait été transféré dans une unité de soins intensifs, son pronostic vital étant engagé.

Sur le terrain, plusieurs habitants du village de Mulabo ont été contraints de fuir leurs maisons suite aux affrontements, craignant d’éventuelles représailles ou une escalade des violences. Des sources locales font état d’un déplacement d’urgence de plus de 200 familles vers les localités voisines, notamment Gina et Lopa.

Des acteurs de la société civile de Djugu dénoncent la recrudescence des attaques armées dans la région, et appellent à un renforcement urgent du déploiement des FARDC dans les zones à risque. « Les populations vivent dans une peur permanente. Il est impératif que l’État rétablisse son autorité dans ces villages abandonnés à la merci des groupes armés », a déclaré Jean-Paul Ndibasu, coordinateur d’une organisation communautaire locale.

Par ailleurs, des analystes estiment que la persistance de l’insécurité dans cette partie de l’Ituri compromet gravement les efforts de réinsertion des ex-combattants et la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Les violences répétées freinent également le retour volontaire des déplacés internes, dont une majorité vit encore dans des conditions extrêmement précaires.

Alors que les autorités provinciales se veulent rassurantes, des voix s’élèvent pour réclamer un dialogue plus inclusif avec les communautés locales, afin de désamorcer les tensions interethniques souvent exploitées par les groupes armés. Plusieurs observateurs pointent également du doigt l’insuffisance des ressources logistiques et humaines allouées aux FARDC, pourtant en première ligne dans la lutte contre l’insécurité.

Malgré son mandat de retrait progressif du territoire congolais, la MONUSCO continue d’assurer un appui logistique et sécuritaire ponctuel aux forces armées nationales. La mission insiste sur la nécessité d’un transfert progressif et durable des responsabilités sécuritaires à l’État congolais, tout en soulignant que « l’accompagnement des FARDC reste essentiel tant que les capacités opérationnelles nationales ne sont pas totalement consolidées ».

La situation reste tendue dans le territoire de Djugu, et les autorités appellent à la vigilance de la population, tout en affirmant que des mesures sont en cours pour renforcer la présence militaire et restaurer l’ordre public dans les zones récemment troublées.

Justin Mupanya

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