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Journée mondiale des veuves : à Beni, les survivantes de militaires tombés au front interpellent l’État

Le 23 juin de chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale des veuves, une occasion de mettre en lumière les réalités souvent ignorées ou négligées de millions de femmes ayant perdu leur conjoint. À Beni, dans le Nord-Kivu, cette journée a une résonance particulière. Dans cette région où les conflits armés ont fait d’innombrables victimes au sein des forces loyalistes, de nombreuses femmes vivent aujourd’hui dans le deuil, la pauvreté et l’oubli, après la mort de leurs maris tombés au champ d’honneur.

À travers un vox pop réalisé par la rédaction de la radio OASIS Congo, plusieurs veuves militaires ont témoigné de leurs souffrances quotidiennes. Depuis la disparition de leurs époux, elles font face à des conditions de vie extrêmement précaires. Beaucoup n’ont reçu aucune indemnisation ni assistance de l’État. Elles peinent à assurer la survie de leurs foyers, à scolariser leurs enfants, ou même à accéder aux soins de santé de base. Pour certaines, le veuvage n’a pas seulement enlevé un être cher, mais aussi le seul soutien financier et moral du ménage.

Dans un contexte où l’insécurité continue de faire rage à l’Est de la RDC, le sort de ces femmes reste largement ignoré par les pouvoirs publics. Elles vivent souvent dans des quartiers périphériques, sans accompagnement psychologique, sans programme de réinsertion sociale ou professionnelle. L’absence d’un cadre légal clair pour la prise en charge des veuves militaires aggrave leur vulnérabilité, les exposant à la marginalisation, aux abus, voire à la mendicité. Certaines sont même rejetées par leurs familles ou communautés, considérées comme un fardeau.

En cette journée de commémoration, elles appellent le gouvernement congolais à agir de manière concrète. La mise en place d’un fonds national de soutien aux veuves de guerre, l’accès facilité à des microcrédits, des programmes de formation professionnelle et une meilleure reconnaissance de leur statut figurent parmi leurs principales revendications.

Elles sollicitent également l’implication des organisations humanitaires et des acteurs de la société civile pour les accompagner dans la reconstruction de leur vie. Derrière chaque soldat tombé se cache une femme laissée seule face aux défis de la vie — une réalité que cette journée mondiale ne devrait pas simplement commémorer, mais aussi corriger.

La Rédaction

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