
Dans le groupement Basongora, en secteur de Ruwenzori, la population est en colère. Les habitants de Kasindi, agglomération frontalière avec l’Ouganda, dénoncent ce qu’ils qualifient de “taxe fantôme” : une redevance perçue par la Société Nationale d’Électricité (SNEL) au titre de l’éclairage public, alors même que l’éclairage fait totalement défaut dans plusieurs quartiers.
Depuis plusieurs jours, des manifestations spontanées sont enregistrées dans la cité. Les habitants s’insurgent contre le manque de transparence dans la gestion des fonds collectés, évoquant une escroquerie de la part de la société publique chargée de la distribution d’électricité. Pour eux, il est inadmissible de payer une taxe pour un service inexistant sur le terrain.
La tension est montée d’un cran lorsque certains usagers ont exhibé leurs factures, toutes mentionnant une ligne dédiée à l’éclairage public, sans que les infrastructures correspondantes ne soient visibles dans la ville. La population estime que ces prélèvements sont abusifs, d’autant plus qu’ils s’ajoutent à des coupures d’électricité fréquentes dans la région.
Une médiation en préparation
Face à la montée de la grogne, l’administration locale, par le biais du fonctionnaire délégué du gouverneur militaire affecté à Kasindi, Kambale Sivavughirwa Barthélémy, s’est saisie du dossier. L’autorité locale envisage de mettre autour d’une même table les responsables de la SNEL et les représentants de la population, dans l’optique de trouver une issue concertée à cette situation qui mine la confiance entre l’État et les citoyens.
Selon l’administration, il est crucial d’évaluer la légalité de cette taxe en l’absence du service, tout en clarifiant la destination réelle des fonds perçus. Il est également question d’engager des discussions sur les priorités en matière de service public à Kasindi, où les besoins en infrastructures de base restent criants.
Une question de justice sociale.
Cette affaire met en lumière une problématique plus large : celle de la redevabilité des entreprises publiques et de la justice sociale dans la tarification des services essentiels. Dans un contexte où la population est déjà fragilisée par les conditions socio-économiques difficiles, chaque taxe perçue sans contrepartie réelle est perçue comme une forme d’abus, voire de mépris envers les droits des citoyens.
La situation à Kasindi pose donc la question de la gouvernance locale, du contrôle citoyen, mais aussi de la nécessité pour les sociétés étatiques d’améliorer leur communication et leur transparence vis-à-vis des consommateurs.
Le calme est revenu temporairement, mais les habitants restent en attente de réponses concrètes. Les autorités sont désormais sous pression pour éviter une aggravation de la crise et rétablir la confiance. À défaut d’une solution rapide et crédible, la SNEL risque de faire face à une fronde sociale plus large, dans une zone stratégique déjà marquée par de nombreux défis sécuritaires et économiques.
Barack Bahumawe, depuis Kasindi pour Radio OASIS Congo