
Une attaque meurtrière attribuée à un groupe armé en provenance de la chefferie de Bahema Nord a semé la terreur ce mercredi dans le village de Jibba, situé à environ 75 kilomètres au sud de Kpandroma centre, dans le groupement Dhenro, secteur de Walendu Pitsi, territoire de Djugu, en Ituri.
Selon les informations recueillies sur place, l’incident s’est produit aux environs de 12h50. Des hommes armés non identifiés, mais présumés venus du Zaïre, ont fait irruption dans le village. Leur incursion a coûté la vie à une femme et ses deux enfants, tandis que deux autres civils ont été grièvement blessés par balles.
Outre les pertes humaines, plusieurs cases ont été incendiées, y compris tous les biens matériels et financiers qu’elles contenaient. Des greniers, des motos et des vivres ont été réduits en cendres. En conséquence, un mouvement massif de la population a été observé, les habitants fuyant en urgence vers les localités voisines telles que Lita, Kpandroma et Nyankunde, à la recherche d’un abri temporaire.
« Nous déplorons ces actes de barbarie et de provocation qui mettent en péril une zone qui semblait retrouver sa stabilité sécuritaire », a déclaré Benjamin Ngabunganru, point focal du Comité Associatif Résolu pour la Défense et la Protection des Droits Humains (COARDHO/ONGDH). Il dénonce également l’inaction des forces armées, pourtant alertées quelques heures avant l’attaque par les notables locaux.
Selon plusieurs sources administratives, les assaillants seraient issus d’un groupe armé opérant entre les forêts frontalières de Bahema Nord et Walendu Pitsi. Ce groupe chercherait à étendre son emprise sur des zones jugées stratégiques en raison de leur position géographique et de leurs ressources agricoles.
Face à cette situation dramatique, l’ONG appelle à une intervention urgente des autorités sécuritaires pour prévenir de nouvelles attaques, ainsi qu’à une assistance du gouvernement, tant au niveau provincial que national, afin de prendre en charge les corps des victimes, sécuriser la zone et venir en aide aux familles sinistrées.
De son côté, le chef de secteur de Walendu Pitsi, Bonane Batsuru, condamne avec fermeté cette attaque et appelle la MONUSCO et les partenaires humanitaires à intensifier leurs efforts de stabilisation dans cette partie du territoire de Djugu. « Nous ne pouvons plus continuer à enterrer nos citoyens sans justice ni protection », a-t-il martelé.
Ngabunganru exhorte également les autorités à ouvrir un dialogue avec les groupes d’autodéfense impliqués dans cette attaque, afin de décourager toute tentative de relance des hostilités et de briser la chaîne de représailles communautaires qui s’est installée dans la région depuis plusieurs mois.
Pour rappel, cette attaque intervient dans un contexte de regain de tensions entre plusieurs groupes armés rivaux dans le territoire de Djugu, malgré la présence des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et d’une base temporaire de la MONUSCO à proximité.
Justin Mupanya