
Pour faire face à la montée du terrorisme dans l’Est de la République démocratique du Congo, la MONUSCO a lancé ce mardi à Beni un atelier de formation destiné à renforcer les capacités des acteurs judiciaires dans la lutte contre le financement des groupes armés.
Organisée par la Section d’appui à la justice de la MONUSCO, à travers sa Cellule d’appui aux poursuites (CAP), cette session de onze jours réunit dix participants, dont des magistrats, des inspecteurs de police judiciaire et des agents des services de sécurité. Elle vise à leur fournir les outils nécessaires pour identifier, enquêter et poursuivre les réseaux de financement terroriste.
« Le financement du terrorisme est devenu une menace transnationale insidieuse, facilitée par des outils numériques et des circuits financiers informels. Il ne suffit plus de réprimer les actes, il faut démanteler les mécanismes qui les soutiennent », a déclaré Ghislain Toe, coordonnateur de la Section d’appui à la justice de la MONUSCO à Beni.
La région de Beni reste particulièrement exposée à la violence des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé d’origine ougandaise, actif depuis les années 1990. Affiliées à l’État islamique depuis 2019, les ADF sont responsables de nombreuses attaques meurtrières contre les civils. En juin 2023, un rapport du Groupe d’experts de l’ONU révélait l’expansion du réseau des ADF bien au-delà de ses bastions de Beni, Lubero et Ituri, avec des liens identifiés en Somalie, au Mozambique et en Afrique du Sud. Leur financement repose notamment sur des systèmes opaques impliquant des intermédiaires, des entreprises fictives et des plateformes de transfert d’argent.
L’atelier de Beni fait suite à une première formation organisée à Bunia du 2 au 13 juin. Une session finale est prévue à Kinshasa, consacrée à la formation des formateurs. Trente membres du personnel judiciaire, militaire et civil congolais bénéficieront de l’expertise de deux spécialistes de la MONUSCO en matière d’analyse criminelle et d’investigation numérique. Le programme inclut notamment le repérage des flux financiers suspects, l’étude des outils numériques utilisés par les groupes armés et l’application des sanctions prévues par la loi.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie globale de la MONUSCO de renforcement des institutions congolaises. En apportant un appui technique ciblé aux acteurs judiciaires et sécuritaires, la mission onusienne contribue à doter le pays de moyens durables pour faire face aux nouvelles menaces et protéger les populations civiles.
Justin Mupanya