
À Oicha, une commune du territoire de Beni, la gratuité de la maternité est récemment devenue la cible de critiques fondées sur une rumeur persistante : selon certains habitants, cette politique serait responsable de plusieurs décès maternels. Face à cette désinformation qui prend de l’ampleur dans la communauté, l’hôpital général de référence d’Oicha a tenu à rétablir les faits.
La responsable de la maternité, Desange Kaniki, réfute catégoriquement toute relation entre les décès maternels et la mise en œuvre de la gratuité des accouchements. Elle affirme que depuis le début de cette initiative, l’hôpital facilite plus de 500 accouchements chaque mois, sans enregistrer de décès liés à une défaillance médicale ou technique au sein de l’établissement. Les rares cas de décès maternels survenus sont, selon elle, dus à des facteurs externes, indépendants de la qualité des soins reçus sur place.
Dans son intervention, Desange Kaniki insiste sur l’engagement du personnel soignant à garantir, dans la mesure du possible, la vie de la mère et de l’enfant. Elle déplore que certaines voix dans la population profitent d’événements isolés pour semer le doute autour d’un programme qui, au contraire, a permis à des centaines de femmes d’accoucher dans des conditions plus sûres et plus accessibles.
Elle attire également l’attention sur les véritables causes des décès maternels dans la région : infections non traitées, anémies sévères, avortements clandestins, paludisme, mais aussi des grossesses trop rapprochées ou trop précoces, notamment chez les adolescentes. Ces facteurs, dit-elle, sont souvent aggravés par l’éloignement des structures de santé, le manque de suivi médical et la négligence des consultations prénatales.
Pour réduire ces risques, la maternité recommande aux femmes enceintes de respecter les consignes données par le personnel soignant et de se rendre régulièrement aux consultations prénatales. Elle exhorte également les familles à accompagner les futures mères dans la recherche de soins dès les premiers signes de complication.
Enfin, Desange Kaniki plaide pour une intensification des campagnes de sensibilisation dans les communautés, notamment dans les marchés, les églises et autres lieux publics, afin de combattre les fausses informations et d’encourager une culture de prévention autour de la santé maternelle.
À Oicha comme ailleurs dans le territoire de Beni, la gratuité de la maternité est un acquis majeur. La remettre en cause sur la base de rumeurs infondées, c’est non seulement ignorer les progrès accomplis, mais aussi mettre en danger la santé des femmes et des enfants que ce programme cherche à protéger.
Roger KAKULIRAHI