
En cette Journée nationale des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), la Nation toute entière s’arrête pour honorer la bravoure, les sacrifices et les victoires d’une armée qui, malgré les épreuves, reste le rempart de la souveraineté nationale. Des origines coloniales à la reconstruction post-conflit, des champs de bataille à l’Est du pays aux missions de paix, les FARDC sont à la fois le reflet de l’histoire tumultueuse du Congo et le symbole de son espérance.
Une Histoire Forgée par les Épreuves
L’histoire militaire congolaise débute sous la colonisation belge, avec la Force Publique, outil de domination coloniale devenu, après l’indépendance de 1960, l’Armée Nationale Congolaise (ANC). L’indépendance a été suivie de mutineries, de sécessions (comme celle du Katanga), et d’interventions étrangères, forçant les premières générations de soldats congolais à lutter pour l’unité nationale.
Sous Mobutu, les Forces Armées Zaïroises (FAZ) joueront un rôle politique crucial, mais souvent contesté. Leur effondrement dans les années 1990 face aux rébellions et invasions étrangères précipite les deux grandes guerres du Congo, les plus meurtrières depuis la Seconde Guerre mondiale.

La Renaissance des FARDC et la Lutte pour la Paix
C’est dans ce contexte qu’émergent, en 2003, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), issues d’un processus de brassage et d’intégration complexe. Dès lors, les FARDC ont été engagées dans la stabilisation du territoire national, souvent dans des conditions extrêmement difficiles.
Parmi leurs faits d’armes les plus héroïques, on peut citer :
- La reprise de la ville de Goma en 2013, occupée par le mouvement rebelle M23. L’opération menée par les FARDC, en collaboration avec la Brigade d’intervention de la MONUSCO, a marqué un tournant stratégique et symbolique.
- L’opération Sokola I et II dans le Nord-Kivu et l’Ituri, lancées pour neutraliser les groupes armés comme les ADF (Allied Democratic Forces). Malgré des pertes lourdes, les FARDC ont réussi à démanteler plusieurs bastions terroristes.
- La protection de Bunagana en 2022, au prix de combats intenses, témoignant de la détermination des troupes à maintenir la souveraineté nationale dans des zones sous pression régionale.
- La sécurisation du processus électoral de 2018, un rôle crucial dans la stabilité démocratique.

Des Héros Tombés pour la Patrie
Derrière chaque opération militaire, des visages. Derrière chaque victoire, des vies sacrifiées. Voici quelques figures emblématiques de cette bravoure silencieuse :
- Général Mamadou Ndala : Tombé en 2014 dans une embuscade à Beni, il était l’un des plus brillants officiers des FARDC, symbole de discipline, de patriotisme et d’espoir pour la réforme de l’armée. Il avait contribué de manière décisive à la défaite du M23.
- Major Joseph Kuliumbwa : Héros discret, tombé en 2018 à Eringeti, il avait sauvé un groupe d’enfants pris au piège lors d’une attaque rebelle, en s’interposant volontairement entre eux et l’ennemi.
- Capitaine Joséphine Bula : Première femme officier décorée à titre posthume pour bravoure, elle est tombée en 2021 en défendant un poste militaire attaqué par les ADF à Boga. Elle est devenue un symbole du courage féminin dans l’armée.
Ces héros, et tant d’autres anonymes, ont écrit avec leur sang les plus belles pages de l’armée congolaise moderne.
Une Armée en Mutation
Aujourd’hui, les FARDC ne sont plus les mêmes qu’hier. Malgré des défis persistants: logistique, corruption, lenteurs administratives; les réformes en cours visent à professionnaliser l’armée : écoles de guerre, accords de coopération militaire, renforcement de la discipline et de l’éthique militaire.

Des initiatives comme l’intégration des femmes, la création d’unités spécialisées anti-terroristes, et le lancement d’un programme de numérisation des données militaires témoignent d’une vision tournée vers l’avenir.
Une Journée, Une Mémoire, Une Promesse
Le 17 mai est plus qu’une date. C’est une promesse de mémoire et de reconnaissance. C’est l’occasion pour la Nation de dire merci à ces hommes et ces femmes en uniforme, souvent éloignés de leurs familles, qui veillent jour et nuit sur les frontières, les forêts, les villages et les villes.
Cette journée doit également inviter chaque Congolais à se sentir responsable de la paix. Car une armée forte n’est rien sans le soutien d’un peuple uni.
Alors que résonnent les fanfares militaires et que flottent les drapeaux au vent, souvenons-nous que les FARDC sont bien plus qu’un corps en armes : elles sont une mémoire vivante, un projet d’unité, et l’un des piliers de notre avenir. Que cette journée soit un hommage à leur passé, un encouragement pour leur présent, et un vœu pour un futur glorieux au service de la République.
Vive les FARDC, vive la RDC !
Justin Mupanya