L'information est notre priorité

Matata Ponyo condamné à 10 ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics

L’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, a été condamné ce mardi à dix ans de travaux forcés par la Cour constitutionnelle pour détournement de fonds publics dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. Ses co-prévenus, Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, dirigeant de la société sud-africaine Africom, ont écopé de cinq ans de prison. En plus de leur peine, Matata Ponyo et Mutombo sont frappés d’une interdiction de cinq ans d’éligibilité et d’accès aux fonctions publiques, tandis que Grobler est expulsé définitivement du territoire congolais.

Le projet Bukanga Lonzo, lancé sous la présidence de Joseph Kabila, visait à assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. Cependant, une enquête de l’Inspection Générale des Finances (IGF) a révélé que plus de 285 millions de dollars avaient été détournés, sans impact visible sur la production agricole. Selon la Cour constitutionnelle, seuls 34 millions de dollars ont été réellement alloués aux activités du parc agro-industriel, tandis que le reste des fonds a été utilisé à d’autres fins non justifiées. La Cour a jugé que Matata et ses coaccusés avaient orchestré le détournement de ces fonds, aggravant la débâcle du projet.

Cette condamnation dépasse le cadre judiciaire et exacerbe les tensions entre la justice et le pouvoir législatif. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a dénoncé une violation de la Constitution, estimant que la Cour constitutionnelle ne pouvait juger Matata sans la levée de son immunité parlementaire. La Cour a rétorqué que l’immunité protège la fonction, non la personne, et que la procédure ayant débuté avant son élection, elle pouvait se poursuivre. Cette divergence a provoqué des débats houleux à l’Assemblée nationale, où certains députés ont exigé un vote pour défendre les immunités de Matata Ponyo.

Dans une vidéo publiée après le verdict, Matata Ponyo a dénoncé une manœuvre politique visant à l’écarter du jeu électoral. Il affirme que ce dossier est réactivé chaque fois que le régime cherche à élargir sa majorité. Il rappelle qu’il avait été empêché de lancer son parti, le LGD, et que le procès refait surface alors qu’un dialogue politique se profile. Il estime que cette condamnation vise à le neutraliser politiquement et à affaiblir l’opposition.

L’ancien Premier ministre a également critiqué l’évolution du dossier, rappelant qu’en 2021, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente sous la présidence de Dieudonné Kaluba. Aujourd’hui, elle change de position, ce qui, selon lui, démontre une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Il accuse le pouvoir d’avoir évincé Kaluba pour avoir résisté à la pression politique et estime que son propre procès est une illustration des tensions entre les institutions judiciaires et politiques.

Justin Mupanya

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *