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RDC/Enjeux géopolitiques : « À la vie, à la mort », cette réflexion du Docteur Babah Lusungu

Par Docteur Babah Lusungu, responsable de la clinique « Dieu est grand », fonctionnant en ville de Beni

Le contexte politique actuel de la République Démocratique du Congo (RDC) exige une analyse lucide et sans complaisance. Depuis plusieurs mois, l’on observe une lutte de plus en plus féroce entre deux figures majeures de la scène politique : le Président Félix Tshisekedi Tshilombo et son prédécesseur, Joseph Kabila Kabange. Cette opposition, bien plus qu’un simple conflit d’ambitions, représente un véritable tournant pour la stabilité nationale.

Deux héritages, deux trajectoires

Félix Tshisekedi est l’héritier politique d’Étienne Tshisekedi, l’opposant historique à Mobutu, un homme de principes et d’intransigeance, ayant sacrifié carrière et confort pour ses idéaux. Joseph Kabila, quant à lui, est le fils de Laurent-Désiré Kabila, chef de guerre devenu Président après avoir chassé Mobutu avec le soutien de puissances étrangères. Deux fils d’icônes, issus de régions différentes, porteurs de visions opposées du pouvoir et de la gouvernance.

L’alliance forcée et la rupture

En 2018, après une transition contestée, Félix Tshisekedi accède au pouvoir mais sans majorité parlementaire. Le FCC de Joseph Kabila conserve l’hémicycle. De cette cohabitation naît le FCC-CACH, une alliance fragile où les tensions ne tardent pas à émerger. Très vite, les divergences s’amplifient : nominations bloquées, réformes sabordées, climat de suspicion… Le Président Félix Tshisekedi opère un coup de maître politique en retournant la majorité à son avantage, mettant fin à l’alliance et lançant l’Union sacrée.

Cette manœuvre marque le début d’une guerre froide politique qui ne cessera de s’intensifier, jusqu’à devenir un affrontement ouvert. Arrestations, exils forcés, perquisitions, interdictions de partis : la rupture est consommée.

La fracture nationale

Ce duel entre les deux « éléphants » polarise dangereusement le pays. Des lignes de fracture géopolitiques et ethniques apparaissent : l’Ouest autour de Félix Tshisekedi, l’Est et le Katanga autour de Kabila. L’insécurité croissante, la poussée du M23, et l’entrée supposée de Kabila dans le jeu rebelle en appuyant l’AFC ne font qu’envenimer la situation. Le pouvoir réagit en durcissant la répression, dans une logique désormais clairement affichée : neutraliser son rival, à tout prix.

Un avenir incertain

Le pays semble pris en otage entre deux ambitions irréconciliables. La population, de plus en plus éprouvée, assiste impuissante à cette guerre d’influence où les intérêts du peuple sont relégués au second plan. Le spectre d’une guerre civile, voire d’une partition, plane. Si Félix Tshisekedi parvient à neutraliser militairement la rébellion, il sortira renforcé. Dans le cas contraire, le pays risque de basculer dans une crise sans précédent.

La RDC est à un carrefour crucial de son histoire. Ce combat à mort entre deux géants politiques dépasse les simples querelles de pouvoir : il pose la question de l’avenir même de la nation. Le peuple congolais retient son souffle. Car, comme le dit le proverbe revisité par le Dr Lusungu : « Quand deux éléphants se battent, l’un meurt et l’autre perd ses défenses ».

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