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Conflit dans l’Est de la RDC : Félix Tshisekedi accuse Joseph Kabila d’en être commanditaire

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a une nouvelle fois pointé du doigt son prédécesseur, Joseph Kabila, concernant l’insécurité qui continue de sévir dans l’Est du pays. Lors d’un point de presse tenu ce vendredi à Kinshasa, le chef de l’État a accusé l’ancien président d’être impliqué dans des réseaux qui alimenteraient les conflits armés dans cette région instable.

Félix Tshisekedi a déclaré que « l’insécurité à l’Est n’est pas un phénomène spontané, mais le résultat de décisions et de réseaux mis en place sous l’ancien régime ». Selon lui, Joseph Kabila aurait laissé derrière lui un système complexe de soutien aux groupes armés, notamment à travers des alliances politiques et économiques qui perdurent encore aujourd’hui. « Ces réseaux profitent de l’instabilité pour tirer des bénéfices illicites, que ce soit par l’exploitation illégale des ressources naturelles ou par le trafic d’armes », a-t-il ajouté.

Ces accusations interviennent dans un contexte où la région du Nord-Kivu et du Sud-Kivu reste en proie à des violences récurrentes, malgré la présence de la mission des Nations unies (MONUSCO) et les opérations militaires conjointes menées par l’armée congolaise (FARDC). Des groupes armés tels que les ADF (Allied Democratic Forces) et les Maï-Maï continuent de semer la terreur parmi les populations civiles.

Réactions et démentis de l’entourage de Kabila

Du côté de Joseph Kabila, ces accusations ont été vivement démenties. Un porte-parole de l’ancien président a qualifié les propos de Tshisekedi de « diffamatoires » et « politiquement motivés ». « Ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible et visent uniquement à détourner l’attention des échecs du gouvernement actuel à rétablir la sécurité dans l’Est du pays », a-t-il déclaré.

Plusieurs analystes politiques congolais estiment que ces accusations s’inscrivent dans un climat de tension persistante entre les partisans de Tshisekedi et ceux de Kabila, deux camps qui s’affrontent sur la scène politique depuis la transition de pouvoir en 2019.

Parallèlement à ces déclarations, des médias internationaux ont publié des enquêtes approfondies sur les sources de l’instabilité dans l’Est de la RDC. Un rapport de Jeune Afrique publié en janvier 2025 révèle que des acteurs politiques et économiques locaux, ainsi que des intérêts étrangers, continuent de tirer profit des conflits. Le document cite notamment des entreprises minières étrangères qui opèrent dans la région en collaboration avec des groupes armés pour l’exploitation illégale de minerais.

Face à cette situation, la communauté internationale est de plus en plus sollicitée pour intervenir. L’Union européenne et les États-Unis ont récemment appelé à une transparence accrue dans la gestion des ressources naturelles de la RDC, tout en renforçant les sanctions contre les individus et entités impliqués dans des activités illicites.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a également exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Il a appelé à une coopération régionale renforcée pour lutter contre les groupes armés et à un dialogue politique inclusif en RDC.

Une crise aux multiples facettes

L’insécurité à l’Est de la RDC reste un défi complexe, mêlant des enjeux politiques, économiques et sociaux. Les accusations de Félix Tshisekedi contre Joseph Kabila soulignent les divisions profondes qui traversent la classe politique congolaise, tandis que les enquêtes des médias internationaux mettent en lumière les réseaux transnationaux qui profitent de cette instabilité.

Alors que la population civile continue de payer le prix fort, la pression monte pour que des solutions durables soient mises en œuvre, avec l’appui de la communauté internationale. Reste à savoir si ces efforts parviendront à briser le cycle de violence qui mine la région depuis des décennies.

Justin Mupanya

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