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Joseph Kabila rompt le silence : un appel urgent à la vigilance face à la crise congolaise

Dans une allocution solennelle ce 23 mai 2025, l’ancien président congolais Joseph Kabila est sorti de son silence médiatique. Face à la détérioration de la situation nationale, il tire la sonnette d’alarme et propose une feuille de route pour sortir la République démocratique du Congo de l’impasse politique, sécuritaire et sociale.

Six ans après son retrait volontaire du pouvoir, Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), est réapparu sur la scène politique à travers un discours solennel adressé à la nation. Une prise de parole rare et très attendue, au cours de laquelle il a dénoncé les maux qui rongent le pays et appelé à un « sursaut national ».

Un silence assumé, une rupture justifiée

« Il y a six ans, je prenais congé de mes responsabilités en tant que président de la République », a-t-il rappelé d’entrée. Joseph Kabila a insisté sur le caractère pacifique de cette transition, la première du genre dans l’histoire récente du pays. Il affirme s’être imposé un « strict devoir de réserve » par souci d’apaisement et de stabilité institutionnelle, malgré de nombreuses « provocations », « atteintes à [sa] dignité » et « dénis de droits ».

Il pointe ainsi, sans la nommer, une justice congolaise qu’il juge partiellement instrumentalisée ou défaillante : un système qui, selon lui, n’a pas su ou voulu garantir ses droits fondamentaux durant son retrait. C’est dans ce contexte qu’il souligne :

« Le temps est le meilleur allié de la vérité, un antidote lent mais puissant contre le venin du mensonge ».

Mais face à la gravité de la situation actuelle, il estime ne plus pouvoir rester spectateur. « Continuer à m’éteindre m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire pour non-assistance à plus de 100 millions de compatriotes en danger. »

Un tableau sombre de la nation

Dans un ton grave, Joseph Kabila a dressé un diagnostic inquiétant de la RDC, qualifiant le pays de « gravement malade », dont le « pronostic vital est engagé ». Il a évoqué les souffrances du peuple congolais, l’insécurité persistante dans l’Est, la crise économique, et une gouvernance qu’il juge déconnectée des aspirations du peuple.

« Vous en faites quotidiennement les frais dans votre chair », a-t-il lancé à ses compatriotes, dénonçant une absence de vision et une gestion chaotique de l’État.

Une rupture avec le pouvoir actuel

Joseph Kabila est également revenu sur l’accord de coalition signé en 2019 avec son successeur Félix Tshisekedi. Un arrangement destiné, selon lui, à assurer une gouvernance partagée et stable. Il déplore toutefois que cet engagement ait été vidé de son contenu :

« Beaucoup de contre-vérités ont été dites à ce sujet, y compris par celui qui est censé connaître la vérité ».

Sans nommer directement le président en fonction, il dénonce une trahison des principes de l’accord et un glissement vers une concentration du pouvoir, voire une dérive autoritaire. Il évoque une forme de « tyrannie » et appelle à un renversement de cette tendance par la restauration de l’État de droit.

Une feuille de route en 12 points pour la reconstruction

Au-delà du constat alarmant, l’ancien président a proposé une sortie de crise articulée autour d’une feuille de route en 12 points. Celle-ci prévoit notamment :

  • La fin de ce qu’il qualifie de « tyrannie » et la restauration de l’État de droit.
  • La relégitimation des institutions par des réformes structurelles.
  • La réconciliation nationale et la reconstruction de la cohésion sociale.
  • La relance économique par une gestion rigoureuse des ressources publiques.
  • Le renforcement de la diplomatie régionale pour stabiliser l’Est.
  • La neutralisation des groupes armés et le retrait immédiat de toute force étrangère du sol congolais.

« Il est temps que la RDC reprenne le contrôle de sa souveraineté », a-t-il insisté, dans une critique directe de la présence militaire étrangère et d’une dépendance diplomatique qu’il juge nuisible à l’intégrité nationale.

La prise de parole de Joseph Kabila alimente déjà les spéculations sur un éventuel retour actif sur la scène politique. Si l’ancien chef d’État n’a pas explicitement exprimé d’ambitions électorales, plusieurs analystes y voient une tentative de repositionnement à l’approche des prochaines échéances politiques.

La réaction du public et de la classe politique ne s’est pas fait attendre. Tandis que certains saluent « un réveil salutaire face à la dérive actuelle », d’autres y voient « une manœuvre politique opportuniste » ou « une tentative de réhabilitation personnelle ». Le débat est relancé sur la place que Joseph Kabila peut ou doit occuper dans le paysage politique congolais.

Justin Mupanya

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