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Entre les murs scolaires effondrés à l’Est de la RDC : le cri étouffé d’une génération sacrifiée

Dans les collines et vallées luxuriantes de l’Est de la RDC, les éclats de rires des enfants qui résonnaient autrefois dans les cours d’école ont disparu. À leur place, le fracas des armes et le silence désolé des salles abandonnées. Ici, l’éducation n’est plus une priorité ; elle est devenue une victime.

Selon le communiqué du ministère de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté, plus de 2 600 écoles ont fermé leurs portes dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, laissant derrière elles un million d’enfants sans apprentissage, sans repères. Des villages entiers se sont vidés, des enseignants ont fui, et les murs qui autrefois protégeaient le savoir servent désormais de refuge aux ombres des conflits.

Ces statistiques accablantes ne sont pas que des données. Chaque école fermée cache un drame. Chaque enfant privé de cours porte le poids de la violence qui consume sa région. Marie, 12 ans, devrait aujourd’hui réciter des poésies devant ses camarades. Elle est à Kalehe, aidant sa mère à transporter de l’eau dans des conditions précaires, car leur école a été détruite par un bombardement.

Pendant ce temps, des écoles devenues inaccessibles à cause d’engins explosifs minent l’espoir d’un futur pour des milliers d’autres enfants comme elle. « Je rêvais d’être médecin », murmure-t-elle, le regard baissé. Ce rêve paraît désormais loin, perdu dans le chaos.

Loin d’être une simple perturbation, cette crise symbolise une fracture profonde dans la société congolaise. L’éducation, pilier du développement et vecteur d’espoir, est attaquée à la racine. Dans certaines zones, les enfants sont recrutés par des groupes armés, arrachés aux bancs de l’école pour devenir des soldats dans une guerre qui les dépasse.

Les enseignants, eux aussi, payent un lourd tribut. Déplacés, traumatisés, souvent contraints de se taire face aux menaces, ils voient leur vocation réduite à néant.

Mais tout n’est pas perdu. « Chaque enfant mérite une chance de construire son avenir, même au milieu des décombres », déclare un porte-parole du ministère de l’Éducation. Les solutions existent, mais elles nécessitent une mobilisation massive : réhabiliter les infrastructures, sécuriser les zones à risque, et surtout offrir un accompagnement psychosocial à ceux qui portent les séquelles invisibles de cette crise.

Au-delà des chiffres et des recommandations, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. Ces enfants et ces familles méritent qu’on redonne à l’éducation sa place, qu’on restaure leur droit à rêver, à apprendre, à croire en un avenir meilleur.

L’histoire de l’Est de la RDC est celle d’une terre riche, mais meurtrie. Et au centre de cette histoire, des milliers d’enfants attendent, silencieux, que l’on ravive la flamme de leur avenir.

Justin Mupanya

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