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La situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a pris une tournure critique ces dernières heures avec l’entrée des combattants du mouvement rebelle M23 dans la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Face à cette escalade de violence, le président Félix Tshisekedi a annoncé renoncer à sa participation au sommet de l’Union africaine (UA) prévu ce week-end à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour se concentrer sur la gestion de la crise.
Selon des sources locales et des observateurs sur le terrain, les combattants du M23, un groupe armé réapparu en 2021 après plusieurs années de latence, ont pris position aux abords de Bukavu après des affrontements intenses avec les forces armées congolaises (FARDC) et les casques bleus de la MONUSCO. Cette avancée marque un tournant dans le conflit qui secoue la région depuis des années, exacerbant les tensions ethniques et les rivalités pour le contrôle des ressources naturelles.
Les témoignages des habitants de Bukavu font état d’une atmosphère de peur et de confusion. « Nous entendons des tirs depuis hier soir. Beaucoup de familles ont fui vers Goma ou vers les zones rurales », a déclaré un habitant sous couvert d’anonymat. Les organisations humanitaires sur place s’inquiètent déjà d’une crise humanitaire majeure, avec des milliers de déplacés et un accès limité aux soins et à la nourriture.
Tshisekedi renonce au sommet de l’UA
Dans un communiqué publié ce samedi matin, la présidence congolaise a annoncé que Félix Tshisekedi, également président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), ne se rendrait pas au sommet de l’UA. « Le chef de l’État a décidé de rester au pays pour superviser personnellement les opérations visant à rétablir la sécurité dans l’est de la RDC », a indiqué le porte-parole de la présidence. Cette décision souligne la gravité de la situation et la priorité accordée à la stabilité intérieure.
Le sommet de l’UA, qui devait aborder des questions clés telles que l’intégration régionale, la paix et la sécurité, ainsi que les défis économiques du continent, se déroulera sans la présence de l’un de ses membres influents. Cette absence pourrait affaiblir la position de la RDC dans les discussions, notamment sur les questions sécuritaires transfrontalières.
Réactions internationales et régionales
La communauté internationale a rapidement réagi à cette escalade. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des dialogues de paix. De son côté, l’Union africaine a exprimé sa « profonde préoccupation » et a offert son soutien pour une résolution pacifique du conflit.
Les pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, souvent accusés par Kinshasa de soutenir le M23, ont nié toute implication dans cette récente offensive. Cependant, des experts en sécurité régionale soulignent que la complexité du conflit nécessite une approche multilatérale et une coopération renforcée entre les États de la région.
Alors que les FARDC et leurs alliés tentent de contenir l’avancée du M23, les analystes craignent une prolongation du conflit, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles. La renonciation de Tshisekedi au sommet de l’UA illustre l’urgence de la situation et la nécessité d’une réponse à l’échelle régionale et internationale.
Dans un contexte où la stabilité de l’est de la RDC reste fragile, la communauté internationale est appelée à redoubler d’efforts pour soutenir les initiatives de paix et prévenir une nouvelle escalade de violence. En attendant, les habitants de Bukavu et des zones environnantes vivent dans l’angoisse, espérant une résolution rapide de cette crise qui dure depuis trop longtemps.
Justin Mupanya